Céramiques japonaises et Coréennes du Musée Cernuschi
Musée des Arts Asiatiques de la ville de Paris
Par Guillemette Coulomb Conservateur du MAA de Toulon
Cette exposition souhaite révéler les liens entre lart de la céramique et lart du thé au Japon ainsi que les principes esthétiques nés de cette rencontre.
Pour traiter un sujet aussi délicat, Il fallait faire appel à un spécialiste et Michel Maucuer, Conservateur en Chef au musée Cernuschi était tout désigné après la grande exposition quil a réalisée en 2010 sur la céramique japonaise ainsi que pour tous les ouvrages quil a écrits sur ce sujet.
Toutes les oeuvres présentées à Toulon, ont été sélectionnées dans les collections du Musée Cernuschi, Musée des Arts de lAsie de la ville de Paris. Toutes ont été conçues pour la préparation et la dégustation du thé battu et du thé infusé durant lépoque dEDO (1603-1867). Elles témoignent du savoir faire des potiers japonais, toujours à la recherche de nouvelles techniques dans lintention de satisfaire ce besoin de raffinement, de bien être de la vie quotidienne très apprécié par les japonais. Si ce luxe est voilé cest pour mettre en harmonie ce qui nous parait être (à nous occidentaux) des opposés.
André Leroi-Gourhan, anthropologue (1911-1986) fut le premier étudiant français à obtenir en 1937-38 une bourse pour le Japon dont il cerna toutes les facettes de la culture. Dans son ouvrage Pages oubliées sur le Japon (publié à titre posthume en 2004), il démontre pourquoi les japonais ont un si grand talent pour unir lesthétique et la vie quotidienne : « Pourquoi le Japon aime t-il à la fois le fragile et le solide, et plus encore les ensembles où lun et lautre saffrontent sans se briser ? Pourquoi peut-il aligner ou superposer dans un plat le salé et le sucré ? Il le fait inconsciemment dans la plupart des cas, mais lart conscient est chez lui la recherche des contraires. Lexpliquer ne peut être que séparer arbitrairement les deux tendances comme les deux faces de son goût. Cela suggère un choc dans la pensée, une sorte dhésitation constante entre les extrêmes qui nexistent pas… »
En visitant cette exposition, en regardant les différentes céramiques utilisées pour le thé, on peut comprendre la fascination de lOccident pour le Japon, longtemps isolé du monde par la politique du Shogunat Tokugawa. Ce nest quaprès le 31 Mars 1854, date à laquelle fut signée la convention de Kanagawa, que la culture de ce pays rayonnera sur le monde entier.
TOULON – Du 14 avril au 14 octobre 2012,
Musée des Arts Asiatiques de Toulon – 169 Littoral F. Mistral, Villa Jules Verne (face au port St Louis).
Ouvert de 12h à 18h du mardi au dimanche sauf jours fériés. Entrée gratuite.
Infos 04 94 36 83 11
Légende photo 1 : 59521-4 : Théière (hôhin). Céramique. Japon, Edo, XIXème siècle. Paris, musée Cernuschi. Crédit photographique : © Stéphane Piera / Musée Cernuschi / Roger-Viollet.
Légende photo 2 : La cueillette du thé à Uji au sud de Kyôto. Xylographie sur papier (Akisato Ritö et altr., Miyako meisho zue, 1780)